Édition du mercredi 7 mars 2001
Cumul des mandats : une nouvelle donne qui pèse sur les stratégies
La loi sur la limitation du cumul des mandats de mars 2000 constitue une des nouvelles donnes, avec la parité, des élections municipales des 11 et 18 mars, et elle a pesé sur les choix stratégiques des hommes politiques.
Faute de l'accord du Sénat, la loi n'a pu sceller la fin du "député-maire". Actuellement quatre députés sur cinq sont maires ou conseillers municipaux. Aussi, fin janvier, en pleine session parlementaire, beaucoup étaient déjà en campagne plutôt qu'au Palais Bourbon.
La loi fait en outre un distinguo entre les élus locaux - qui ne peuvent conserver que deux mandats - et les députés européens qui ne peuvent conserver qu'un autre mandat (ni député national, ni sénateur, ni président de conseil général ou maire).
Le texte devait inciter les hommes politiques à ne se présenter qu'à un seul des deux scrutins : municipales ou cantonales.
Mais peu ont fait ce choix a priori puisque la loi leur accorde un délai pour se déterminer une fois les résultats connus. Avec de nombreux recours en perspective.
Mais, comme il faudra du temps pour statuer sur ces recours, cela permettra à des élus de conserver plusieurs mandats pendant des mois, parfois jusqu'aux législatives de l'an prochain...
François Bayrou, député européen UDF et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, n'a pas manqué de se dire victime de cette loi "injuste, scandaleuse, honteuse". Conseiller général sortant de Pau, il a refusé de dire quel serait son choix entre présider son département et siéger à Strasbourg.
Dans le gouvernement Jospin, 29 ministres sur 34 briguent des mandats les 11 et 18 mars prochains. Sur ces 29, cinq sont candidats à la fois aux cantonales et aux municipales : Alain Richard, Dominique Gillot, Christian Pierret, Christian Paul et François Patriat.
Cinq autres partent à l'assaut d'une mairie de droite : Elisabeth Guigou, Jean-Claude Gayssot, Dominique Voynet, Pierre Moscovici et Roger-Gérard Schwartzenberg.
D'autres (Daniel Vaillant, Jack Lang, Michel Sapin) sont candidats à leur propre succession ou veulent retrouver la mairie qu'ils avaient dû quitter à la demande du Premier ministre. Ils n'ont pas caché à leurs électeurs, comme Marylise Lebranchu à Morlaix, qu'en cas de réélection ils cèderaient à nouveau aussitôt leur fauteuil à un de leurs colistiers.
Enfin, les derniers figurent sur des listes sans les conduire. Certains, comme Jean Glavany près de Tarbes, font cependant le calcul de siéger par ce biais dans une structure intercommunale.
Dans l'opposition, les choix ont été aussi difficiles à faire, chacun jugeant selon sa propre situation.
Les anciens ministres UDF Jacques Barrot et Jean Arthuis se battent pour garder leur département respectif, Haute-Loire et Mayenne, après avoir préparé leur succession dans leur mairie. Christine Boutin a, elle aussi, opté pour son siège de conseillère générale des Yvelines et renoncé à son siège de Rambouillet. Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR, veut garder la mairie de Saint-Jean-de-Luz mais ne s'est pas représentée dans son canton.
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